Du rouleau antique à la pop culture mondiale : l’épopée du manga japonais

manga origine

Le manga, tel qu’on le connaît aujourd’hui, est une véritable institution de la culture japonaise. Mais avant d’en arriver là, il a traversé plusieurs siècles d’évolution. Le terme manga (漫画), souvent traduit par « dessin grotesque » ou « esquisse libre », marie deux caractères japonais : « man » pour signifier le caprice, la fantaisie, et « ga » pour désigner le dessin ou l’image. À l’origine, ce mot qualifiait surtout des recueils de croquis et caricatures publiés vers la fin du XVIIIe siècle.

C’est grâce à l’artiste Hokusai, célèbre pour sa Vague de Kanagawa, que le terme est popularisé en Occident. Il publie dès 1814 une série de planches appelées Hokusai Manga, une collection de dessins théâtraux, folkloriques et fantaisistes. Mais attention à ne pas confondre : le manga, c’est la bande dessinée japonaise, là où l’anime désigne une animation (souvent dérivée du manga, mais pas toujours).

📜 Origine🌍 Évolution🎯 Types📈 Popularité
Né au Japon
Terme popularisé au 18e siècle
Hokusai (1814) ➜ « Hokusai Manga »
XIe s. : Emakimono
XIXe s. : influences occidentales
1947 : Tezuka crée le manga moderne
Shōnen ➜ garçons (ex : Naruto)
Shōjo ➜ filles (ex : Sailor Moon)
Seinen ➜ hommes (ex : Berserk)
Josei ➜ femmes (ex : Nana)
2022 : 48M mangas vendus 🇫🇷
🇫🇷 = 2e marché mondial
Lecture rapide, prix bas, grande diversité 🉐

Les prémices du manga : entre art traditionnel et influence occidentale

En remontant encore plus loin, on découvre que les premiers mots du manga trouvent racine dans des rouleaux peints appelés emakimono au XIe siècle. Ces derniers racontaient des histoires en associant texte calligraphié et illustration. Un des exemples emblématiques ? Les Chōjū-giga, ou caricatures animalières, amusaient déjà l’élite japonaise par leurs scènes humoristiques anthropomorphes.

Au XIXe siècle, l’ouverture forcée du Japon à l’Occident bouleverse le paysage culturel. C’est l’époque des journaux satiriques comme The Japan Punch de Charles Wirgman (un caricaturiste anglais installé au Japon dès 1861), auquel succède Tôbaé de Georges Ferdinand Bigot, un Français. Ces journaux utilisent pour la première fois la technique occidentale du balloon – la fameuse bulle de bande dessinée – mêlée à l’art japonais.

Naissance officielle du manga moderne

Si l’on devait pointer une date, ce serait 1902 avec Rakuten Kitazawa et ses dessins publiés dans le supplément dominical du journal Jiji Shimpō. Ce pionnier se qualifie lui-même de « mangaka ». Inspiré tant par la caricature occidentale que par le style japonais traditionnel, il jette les bases du manga contemporain.

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L’après-guerre : les fondations du manga tel qu’on le lit aujourd’hui

Tout bascule après la Seconde Guerre mondiale. Le Japon est détruit, désorienté. Et c’est là que surgit un nom désormais incontournable : Osamu Tezuka. Souvent surnommé le « Dieu du manga », il combine l’influence des comics américains et des films de Walt Disney pour créer une nouvelle façon de dessiner et de raconter.

  • En 1947 : il publie Shin Takarajima (« La Nouvelle Île au trésor »), considéré comme le premier manga moderne.
  • En 1963 : il crée Astro Boy (Tetsuwan Atom), le premier anime télévisé basé sur un manga.
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Tezuka révolutionne les codes en introduisant des angles de vue cinématographiques, des rythmes de narration dynamiques et des récits denses. Grâce à lui, le manga devient un média narratif à part entière, capable de séduire tous les âges.

Comment le manga s’est structuré au fil des décennies

Dans les années 1960-70, le manga se diversifie. On voit apparaître les gekiga (mangas dramatiques destinés aux adultes), initiés par Yoshihiro Tatsumi. Des auteurs comme Shigeru Mizuki, Sampei Shirato ou Takao Saito explorent des thèmes sombres : guerre, discrimination, lutte sociale.

De même, un autre genre explose : le shōjo, tourné vers un lectorat féminin, avec des histoires axées sur les sentiments, les relations humaines et la psychologie. Riyoko Ikeda, avec La Rose de Versailles, ou Keiko Takemiya, avec Kaze to Ki no Uta, deviennent de véritables figures.

Démographie et segmentation : un modèle éditorial précis

Type de mangaPublic cibleExemples connus
ShōnenGarçons adolescentsNaruto, One Piece, My Hero Academia
ShōjoFilles adolescentesFruits Basket, Nana, Sailor Moon
SeinenHommes adultesBerserk, Monster, Tokyo Ghoul
JoseiFemmes adultesNana, Paradise Kiss, Nodame Cantabile

Ce système permet un ciblage clair du lectorat mais n’empêche pas les lecteurs de piocher dans d’autres catégories. On le voit bien aujourd’hui : des jeunes filles lisent Dragon Ball et des adultes dévorent des shōjo !

Pourquoi le manga est si populaire ?

manga origine populaire

C’est LA question que tout le monde s’est posée un jour. Et la réponse est multiple :

  • Des récits longs, souvent publiés en plusieurs tomes, permettant de suivre l’évolution des personnages sur de nombreuses années.
  • Un style graphique très vivant, avec des mises en scène dynamiques, des émotions exagérées et des effets visuels puissants.
  • Un accès facilité grâce aux magazines hebdomadaires ou mensuels comme le Weekly Shōnen Jump.
  • La diversité des thèmes abordés : sport, romance, science-fiction, cuisine, affaires judiciaires, spiritualité… Il existe un manga pour tout le monde.

Le manga est aussi un véritable objet de consommation quotidienne au Japon, souvent lu dans le métro ou abandonné dans un café. Le système de prépublication (dans des revues bon marché, parfois de plus de 400 pages) permet une diffusion massive.

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De Tokyo à Paris : l’essor du manga en France

Le manga débarque en France timidement dans les années 70, souvent à travers des adaptations mal traduites ou censurées. Il faut attendre les années 90 pour que le phénomène prenne enfin son envol avec Akira chez Glénat, puis Dragon Ball ou Sailor Moon.

Explosé dans les années 2000, le marché français est aujourd’hui le deuxième plus gros au monde après le Japon, devant les États-Unis. Une véritable démocratisation du médium a lieu : on trouve des mangas dans toutes les librairies, grandes surfaces, et même dans les bibliothèques municipales.

Quelques chiffres marquants

  • En 2021, plus de 47 millions de mangas ont été vendus en France (+107 % par rapport à 2020).
  • En 2022, record battu avec plus de 48 millions d’exemplaires vendus.
  • En 2024, léger recul : ventes en baisse de 9 % avec 36 millions d’exemplaires.

Mais ne vous y trompez pas : même avec cette petite baisse, le manga reste aujourd’hui une partie majeure du paysage culturel pour les jeunes générations.

Les spécificités du format manga

  • Lecture de droite à gauche : le sens de lecture japonais est conservé par de nombreux éditeurs afin de rester fidèle à l’œuvre originale.
  • Noir et blanc : contrairement aux BD franco-belges souvent en couleur, les mangas sont majoritairement en noir et blanc pour des raisons de coût et de rapidité de publication.
  • Découpage cinématographique : les mangakas utilisent des cadrages immersifs, des gros plans, contre-plongées, simulant le rythme d’un film.

Autre atout majeur ? Le prix ! Un manga coûte en moyenne moins de 10€, soit bien moins qu’un album classique franco-belge.

L’impact culturel du manga : bien plus qu’un simple divertissement

Ce que beaucoup ignorent, c’est l’importance du manga dans l’éducation et la société japonaise. Il existe des mangas pédagogiques sur presque tous les sujets : l’économie, la médecine, l’histoire, le droit…

Ils servent de supports scolaires, de guides professionnels ou même de traitement thérapeutique (soutien moral, mise en images de troubles émotionnels). Le manga est également à l’origine de nombreux produits dérivés : films, jeux vidéo, jeux de cartes, jouets, figurines, conventions, etc.

Influence sur les autres pays

En France, le succès des mangas a également favorisé l’émergence de la « French manga », c’est-à-dire des bandes dessinées créées par des auteurs français inspirés des codes japonais. On pense à Radiant, devenu d’ailleurs le premier manga français adapté en anime au Japon

La proximité thématique et le dynamisme de narration fascinent auteurs et lecteurs du monde entier. Aujourd’hui, au-delà de la lecture, le manga c’est aussi :

  • Le cosplay
  • Les conventions du type Japan Expo
  • La critique et les podcasts
  • Une forme d’expression artistique à part entière

En résumé

Comprendre l’origine du manga permet de mieux saisir ce qui en fait un univers si riche, multiple et vivant. Né du croisement entre tradition japonaise et influences occidentales, enrichi par des décennies d’expérimentations graphiques et narratives, il est devenu l’un des piliers majeurs de la culture mondiale.

Si vous avez grandi avec Goku, vibré avec Luffy ou pleuré avec Nana, vous faites partie d’une aventure culturelle internationale.

Et croyez-moi, ce voyage parmi les bulles est encore loin d’être terminé…

Image de Sébastien Mirof
Sébastien Mirof

Dans l'industrie de l'entrepreneuriat depuis 15 ans, je partage, à travers Tuba Mulhouse, mes conseils et mon expertise !

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